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L’art de perdre: le récit d’une fracture familiale, sociale et nationale

  • Photo du rédacteur: Bastien Pascalone
    Bastien Pascalone
  • 9 nov. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 nov. 2020

Le roman déroule le récit d’une famille et du parcours de ses 3 générations.


Tout d’abord, la réussite du grand-père (Ali) en Algérie. Ce dernier ne part de rien et réussit socialement grâce à une découverte fortuite (un pressoir). Cette chance l’amène à diriger une exploitation agricole pérenne.

Le statut privilégié dont sa famille et lui-même bénéficient est entaché par la guerre d’indépendance algérienne. Il refuse de prendre part à cette guerre, lui pour qui tout souriait jusqu’à présent.

Mais le conflit vient le rattraper, il collabore avec les forces françaises bien malgré lui.

Se retrouvant du « côté des perdants », il est contraint de fuir en France. Pourtant, ce pays ne veut pas de lui.

Cet homme qui a combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale, qui a soutenu les forces françaises en Algérie n’est pas le bienvenu en France.

Puis le fils de cet homme, (Hamid) contraint de quitter le pays de son enfance à la hâte, se retrouve parachuté dans un pays dont ne connaît même pas la langue.

Il subit de plein fouet, la difficulté de n’appartenir à aucun pays, et pire encore d’être rejeté par ces deux pays. En France, le rejet du racisme, en Algérie le rejet des traîtres.

Pourtant, ce dernier n’a pris aucune part à la guerre, il a simplement été là, au mauvais endroit et au mauvais moment. Ainsi, Hamid hérite du statut de traître, tout en étant rejeté en France. Dans ses conditions, son intégration semble être un exploit.

Enfin Naïma, petite fille d’Ali, Parisienne, Trentenaire, que tout sépare des crêtes dans lesquelles ont vécu son père et son grand-père. Cette dernière souhaite chercher des racines qu’elle considère perdue, enfouie dans un passé opaque. Elle effectue cette recherche, presque par hasard, pour remonter à la source du manque.


Les trois étapes du livre, permettent d’avoir une vue d’ensemble de ce qu’ont traversé de multiples familles désignées sous le terme global de « harkis ». Une déportation forcée, l’obligation de quitter un pays qu’on a chéri pour trouver un pays dans lequel on n’est pas bienvenu.

Comment considérer qu’une telle déchirure ne puisse avoir de conséquence sur les familles transhumée ?

Cette blessure ne se referme pas toujours. Pour certains, elle s’est modifiée de génération en génération.

Le roman constate à partir des faits, la dureté du conflit algérien. Les pieds-noirs, les harkis, les Algériens en faveur de l’indépendance, tous sont victimes de la fin d’une ère : la colonisation Française.


De quel droit a-t-on pu estimer que l’on pouvait annexer un pays ? Que pouvait justifier (à part des intérêts économiques) que l’on envahisse un pays et que l’on dise à des Européens de s’y installer en leur promettant un paradis ?

C’est comme si un individu entrait chez vous, et disait « ton appartement fait 50 m2 à partir d’aujourd’hui 25 m2 sont à moi ».

Il naîtra certainement un sentiment de révolte lié à la dépossession injuste.

Il semble que cette blessure des vaincus se traduit aujourd’hui dans nos quartiers dits « Sensibles ».

Le politique l’a bien compris. Il surfe sur la vague de l’intégrisme, de l’islamisme, de la délinquance…

On a vu depuis quelques mois une recrudescence des sujets relatifs à la délinquance sur les chaînes d’informations.




Des mots chocs sont utilisés (ensauvagement, séparatisme …)

C’est le sujet qui préoccupe les Français : l’intégration et ses petits-enfants, la délinquance, l’islamisme….

Le politique mélange toutes ces frustrations dans une cocote-minute et attend que cela se traduise dans les urnes. En Créant des clivages entre les populations, il prépare des élections présidentielles à venir.

Le moment venu il agitera le drapeau des valeurs républicaines pour « faire face au front-national ». Pourtant, ce sera lui qui aura instrumentalisé une telle opposition (centre – extrême droite). C’est un scénario vu et revu. Cependant, comme devant une série médiocre, le français s’y installe et s’en contente.


En définitive, le tacticien politique utilise l’adage déduit de la pensée de Machiavel « diviser pour mieux régner »


Mais cette technique a un revers de médaille.

En clivant la population, le politique et les médias distendent le lien social français, ils contribuent à créer des laissées-pour-compte qui ne peuvent choisir qu’entre adhérer aux valeurs républicaines ou les refuser.


Comme ces derniers ne se sentent pas entendus, le refus s’impose pour eux.

Il semblerait alors que la religion ne soit qu’un prétexte pour dénoncer la fracture du lien social français. Des actes terroristes sont alors soit disant réalisés au nom de celle-ci.

En utilisant des mots tels que « séparatisme » le politique entérine cette réalité, il bipolarise la population sur cette question. En résumé, on est pour ou contre, pas d’autre choix, on est contraint de se positionner comme le grand père Ali face à la guerre d’indépendance.

Dans ces conditions Peut-on dire que la blessure de la guerre d’indépendance algérienne s’est vraiment refermée ?


Nous sommes tous héritiers de cette fracture qui a façonné l’histoire de France et l’histoire d’Algérie.

Reste à trouver une issue résiliente aux conflits sous-jacents qui imprègnent notre société.

 
 
 

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