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L'apologie de Socrate : L' évocation de principes ébranlés par l'exercice d'une justice désargentée

  • Photo du rédacteur: Bastien Pascalone
    Bastien Pascalone
  • 28 déc. 2021
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 déc. 2021

Socrate est un Philosophe Grec du Vème Siècle avant Jésus-Christ.

Celui que l’on peut qualifier de Marginal, évolue durant une période prospère du royaume d’Athènes.

Le vagabond profite des échanges fortuits avec riches ou pauvres afin de démonter les certitudes.

Son argumentation implacable, recherchant la vérité, se confronte aux égos de certains de ces concitoyens. Par exemple, il cherche à comprendre ce qu’est la sagesse en débattant avec ceux qui sont considérés sage. Forcé de constater qu’il ne trouve aucune sagesse chez ces derniers. Il en conclut être plus sage qu’eux, car contrairement à ses contradicteurs, « il sait qu’il ne sait rien ».


Sa liberté de pensée et son refus asservissement le conduise à être accusé par trois individus : Mélétos, Anytos et Lycon.

Ces derniers lui reprochent de pervertir la jeunesse, de ne pas reconnaître les dieux de la cité et enfin d’introduire de nouvelles divinités.

C’est donc dans le cadre du procès qui le met en cause que Socrate prend la parole afin d’assurer sa défense. Le texte de Platon retranscrit son discours.


Socrate interpelle ses accusateurs en les mettant face à leurs contradictions.


A la première accusation, Socrate répond qu’il ne pourrait à lui seul corrompre les jeunes de la cité.

En effet, d’après le raisonnement de Mélétos, les jeunes gens font partie d’un ensemble de citoyens qui contribuent à les rendre meilleurs. Dans ce cas, comment Socrate pourrait parvenir à les corrompre seul ?


Concernant l’accusation de ne pas reconnaître les dieux de la cité, Socrate amène Meletos à se contredire lui-même. Ce dernier affirme que Socrate est poursuivi non pas pour avoir cru à aucun dieu, mais justement pour y avoir cru. Cette charge à l’opposé de la poursuite initiale jette alors le discrédit sur l’accusation.

Malgré sa brillante argumentation, le philosophe sera condamné à mort.


Des Idées fortes de la conception de la justice émergent de ce texte fondateur de la Philosophie :


Tout d’abord Socrate affirme que les juges doivent être éclairé et convaincu par ce qui est juste.

La justice n’est pas une faveur, mais elle doit être rendue en application des lois.

On observe déjà la genèse de la formule de Montesquieu selon laquelle le Juge est « La bouche de la loi ».

Ce principe est toujours d’actualité, notamment au sein de l’article 12 du code civil. Le texte prescrit que le juge se doit de trancher selon les règles de droit et non en équité. L’équité étant une notion purement subjective, les risques de décisions injustes seraient augmentés.

Cependant certaines exceptions en cas de déséquilibre manifeste permettent au magistrat de trancher en rétablissant une forme d’égalité. (Ex : charge définitive des frais irrépétibles et des dépens en considération de la situation de chacune des parties.)



Ensuite, le plaidoyer prononcé par Socrate justifie par sa seule existence un des principes fondamentaux du droit.

L’expression de la défense d’un accusé par lui-même ou par un auxiliaire de justice est appliquée en vertu du principe du contradictoire et des droits de la défense.

Chaque justiciable convoqué devant une juridiction, a le droit de d’exposer son argumentation. La parole est donnée au mis en cause afin de trancher au plus proche de la vérité.

Ce droit est accordé notamment en application de l’article 6 de convention européenne des droits de l’homme, de la jurisprudence constitutionnelle et des articles 14 à 17 du code de procédure civile.



Cependant, des circonstances conjoncturelles nuisent gravement à l’exercice de ce droit.


A l’occasion des états généraux de la Justice, plus de 3000 magistrats ont signés une tribune dénonçant la conception entrepreneuriale de la justice.


L’ensemble des fonctionnaires de Justice sont poussés à tenir des objectifs, « à faire du chiffre ». Dans ces conditions, la justice n’est plus à même d’écouter. L’objectif est de rendre une décision coûte que coûte.

Or, le temps est nécessaire pour rendre la Justice. Il permet de décortiquer les différents éléments afin d’obtenir la vérité et d’y répondre de façon adéquate.

Socrate affirme déjà dans l’apologie : « Le temps a manqué pour dissiper les calomnies ».


On ne compte plus le nombre de dossiers de violences conjugales classés sans suite ou avec des mesures de peines alternatives, qui débouchent sur des actes en récidive.

La justice ne fonctionne plus comme un Service public mais comme une grosse entreprise devant répondre de ses actes devant des actionnaires majoritaires que sont le garde des sceaux et le Président de la république.


Les fins politiques d’une telle stratégie semblent évidentes. Mais la qualité de la justice et le principe de séparation des pouvoirs en pâtit.


Comment Socrate aurait-il pu exposer son argumentation si les juges lui avaient laissé une quinzaine de minutes pour exposer sa cause ?

Comment faire jaillir la vérité lorsque le temps manque ?


La question des moyens est évidente. La dépense en cette matière est nécessaire comme en matière d’éducation ou de santé publique. L’allocation accordée au fonctionnement de la justice devraient atteindre les 10,74 milliards d’euros en 2022.

(Https://www.dalloz-actualite.fr/flash/dans-details-de-hausse-du-budget-de-justice#.Ycs0lGjMJPY)

Cette somme qui semble conséquente n’équivaut en réalité qu’a 15.93 euros par français.

Dans de telles conditions, nous ne méritons plus l’honneur d’être désigné comme « le pays des droits de l’homme » !

D’autant, que nombre de nos voisins européens ont un budget supérieur au nôtre. (Allemagne, Grande Bretagne …)


A l’instar des hôpitaux, le budget dérisoire alloué à la justice a et aura des conséquences dévastatrices.

Les effets y seront d’autant plus pervers en raison de leur caractère insidieux !

Tandis que la maladie se traduit par des Symptômes physiques, une société malade dans laquelle des droits sont négligés a des conséquences latentes et différées !


S’il faut fonctionner comme une entreprise, faisons-le intégralement :


Investissons plus dans la justice, afin d’avoir plus de chances de retour sur investissement !

 
 
 

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