Sa Majesté des Mouches de William Golding, un conte Philosophique
- Bastien Pascalone
- 6 nov. 2022
- 3 min de lecture
William GOLDING né en 1911. Ce professeur de littérature a participé à la seconde guerre mondiale. Il en ressortira profondément marqué.
C’est dans ces circonstances qu’il écrit sa Majesté des mouches en 1954. En 1983, ce livre obtient le prix Nobel.
Synopsis :
A la suite d’un accident d’avion, des enfants doivent s’organiser seuls, afin de pouvoir survivre sur une ile déserte. Cette terre offre de la nourriture et une vie assez agréable.
Au début, un chef s’impose par son charisme. Il se prénomme Ralph. Mais rapidement un autre jeune homme s’oppose à lui ; Jack.
Ce dernier convoite également le pouvoir.
Malgré cela, Ralph se fait élire chef de la petite tribu. Il essaie d’organiser la vie sur cette ile, mais se heurte à la difficulté de mobiliser l’ensemble des insulaires par l’acceptation et la raison.
Sur cette ile paradisiaque, la cohabitation sociale va engendrer, la discorde.
Un monstre imaginaire va semer la peur au sein du groupe d’enfant.
Jack va utiliser cet évènement afin de prendre le pouvoir. Il rassure d’abord les survivants face à cette menace, puis s’impose en chef tyrannique.
Sous son emprise, les enfants vont devenir sauvages. Cette escalade de la violence provoque l’assassinat de deux membres du groupe.
Par leur intervention des adultes, vont sauver les enfants de leur perte.
Que nous raconte ce livre ?
A première vue, ce livre semble être une histoire pour enfants. Derrière l’histoire naïve dépeinte, se révèle un véritable conte philosophique.
En réalité les enfants survivants, sont la métaphore d’une société archaïque. Autrement dit, comment des êtres supposés incarner l’innocence, vont être confronté à la difficulté du vivre ensemble.
Les desiderata de chacun dévorent l
e collectif, la société.
De façon évidente, cette histoire évoque le contrat social de Rousseau.
En Résumé, Rousseau explique dans son essai que l’homme est bon par nature. (Le bon sauvage). Ce qui le pervertit c’est la société.
Les différents sociaux à l’état de nature vont se régler par la force physique. Cet unique critère va créer une hiérarchie entre les hommes.
Afin éviter cette lutte de pouvoir perpétuelle et arbitraire, un contrat global doit être accepté par tous. Ce contrat prévoit que chacun cède une part de sa liberté en contrepartie de la paix sociale. Cette contrainte, c’est la loi.
Dans le roman de Golding, Ralph essaie d’instaurer des lois selon un processus démocratique. Mais l’ascension de Jack au poste de chef se fait par la promesse d’une protection. Il les sécurise donc dans un premier temps, puis les terrorise afin de conserver ce même pouvoir.
Le noir constat de l’auteur, indique que la force tiens pus en respect le groupe que la compréhension et la raison. (Machiavel)
On pourra sans doute penser que l’auteur fait référence aux différents états totalitaires existant durant la seconde guerre mondiale (Hitler, Staline, Mussolini…) Ces hommes se posent en homme providentiels qui vont sauver le peuple, puis ils instaurent peu à peu une dictature.
La dénonciation de Golding reprend donc avec un certain pessimisme, les constations de Rousseau. Peut-être estime-t-il que le contrat social a été détourné de son but premier qui était de garantir, la sécurité et la pérennité de l’espèce humaine. Par son envie et son égocentrisme Jack a fait fi de la conciliation nécessaire à toute société démocratique.
Sans règle, le groupe est retourné à l’état sauvage, il a ainsi commis le pire ; le meurtre.

Même si le contrat social s'avère nécessaire, se pose tout de même la question de son acceptation.
Un contrat doit par définition être accepté.
Peut-on considérer que j’ai accepté le contrat social, alors qu’il était déjà en cours d’exécution avant ma naissance ?
Cet accord a été tacitement recon
duit en l’absence de mon consentement initiale. Sous cet angle de vue il serait légitime de la remettre en cause.
Cette remise en cause se manifeste de façon très concrète au sein de la société.
On a pu observer le 06 Janvier 2021, des centaines de citoyens américains tenter de prendre le contrôle du capitole. Leur objectif était de reprendre par la force un pouvoir pourtant légitimement conquis par Joe Biden.
A l’instar de ces citoyens, les survivants de Golding rejettent l’embrayon de contrat social établi entre eux par fatigue et simplification.
Il s’avère que les seuls moyens d’oppositions civilisés aux contraintes fixés par l’état, sont le droit de manifestation et le recours devant les juridictions.
Le respect de la paix sociale peut uniquement se réaliser dans un système démocratique. Pour conclure je citerai Winston Churchill :« la démocratie est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres. »
Comments